Douter est-ce desespérer de la vérité?
Le doute, c'est d'abord une incertitude c’est-à-dire une hésitation sur une décision, un parti ou une opinion à adopter. Quand on doute on est bloqué, on ne sait pas quoi penser, et notre jugement se trouve suspendu. En effet pendant toute la durée du doute, notre volonté ne parvient pas à se décider : tant qu’on ne renonce à aucune des possibilités qui s'offrent à nous, c'est à l'acte même de juger que nous renonçons. Car enfin, juger, c'est affirmer ou nier, ce qui implique que notre volonté sorte de l'embarras du choix, tranche et se décide. Mais c'est précisément lorsqu’on veut s'assurer de bien choisir, c'est-à-dire de ne pas se tromper, que le doute s'empare de nous et nous paralyse : on retient notre jugement tant que nous font défaut les raisons qui nous permettraient de trancher. En ce sens donc, celui qui doute redoute par-dessus tout l'erreur et espère être dans le vrai, et c'est précisément parce qu'il ignore ce qu'il en est en vérité qu'il se met à douter. Le doute, loin de nous conduire à renoncer à la vérité, serait au contraire un passage obligé pour celui qui refuse de se décider par peur de la vérité.
Cependant, lorsqu'un doute nous saisit, on se trouve bien dans une situation telle que ce qu’on croyait être vrai se trouve être faux et pourtant on était persuadé que c’était vrai. Qui nous dit alors que toutes nos croyances sont la vérité ? Douter, n'est-ce pas alors désespérer de ne jamais pouvoir atteindre la réalité?
Mais quand le doute s'installe dans nos esprit, ne sommes-nous pas en train de sélectionner nos pensées et ainsi supprimer les erreurs et donc progresser vers la vérité ? On peut donc qualifier le doute comme une hésitation guidée par la prudence et l’incertitude. Ce serait alors en choisissant d'abandonner nos vérités et de les mettre en doute, qu’il semblerait que, loin de désespérer d'accéder jamais au vrai, on emprunte le chemin qui nous permette de l'atteindre avec assurance.
Encore faut-il que la vérité