Douter, vérité
► Douter, c'est reconnaître son incertitude. Ce n'est pas se savoir dans l'erreur mais ne pas être sûr de ce qui paraît vrai. La certitude se donne comme supérieure à la simple croyance dans la mesure où elle se fonde sur des raisons. Une certitude se prouve et ne relève pas de l'intime conviction. Se prouvant, elle peut se transmettre, s'enseigner : elle n'est pas subjective mais objective, universalisable (les théorèmes mathématiques sont certains). Le doute vient effleurer la certitude en jetant sur elle le soupçon. Ce peut être un moment passager, mais ce peut être aussi un état d'esprit ou une sagesse. Être sceptique, c'est d'une façon générale, estimer qu'il n'existe aucune certitude et que le savoir humain est nécessairement hypothétique.
► Mais pourquoi douter reviendrait-il à renoncer à la vérité ? On ne voit pas, par exemple, en quoi douter d'un propos qu'on nous a tenu la veille pourrait conduire à renoncer à la possibilité d'une vérification auprès de notre interlocuteur. Pourtant, à la réflexion, les choses ne sont pas si simples : si mon interlocuteur d'hier me confirme aujourd'hui le souvenir incertain que j'ai gardé de son propos de la veille, m'ôte-t-il vraiment tout doute ? Il se pourrait qu'il mente ou que sa propre mémoire soit défaillante et ses idées inconstantes. Son témoignage n'est pas une preuve absolue et je ne le crois que parce que j'ai confiance en lui. Quand on entre dans le doute, est-il possible d'en sortir ? Le sujet nous invite à concevoir le doute comme un moment de lucidité où se révélerait à chaque fois l'absence permanente de raisons d'être certain. Ce que l'on tient pour vrai est cru mais n'est jamais su.
► Notre sujet soulève donc le problème suivant : le doute est-il irréversible ? Est-il la prise de conscience de l'inévitable incertitude de nos connaissances ? Ou bien disposons-nous de critères de reconnaissance du vrai qui permettent de clore les accès du doute et de retrouver le