Dreyfus
Profession de foi du vicaire savoyard, in Émile ou de l’éducation (1762)
PRÉSENTATION & PISTES DE RÉFLEXION
Les références de pages de ce dossier correspondent à celles de la Profession de foi du vicaire savoyard publiée en mai 2010 aux éditions GF (n°1448).
I. BIOGRAPHIE SYNTHÉTIQUE
(d’après Littérature XVIIIème, coll.Henri Mitterand)
À compléter par la lecture du dossier GF, pp.173 à 179 dans votre édition : « La religion dans la vie et l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau » .
« Rousseau juge de Jean-Jacques » ou « Dialogues » (1772-1776)
« ROUSSEAU: Vous connaissez ma destinée pour savoir qu’elle ne m’a guère laissé goûter les prospérités de la vie : je n’y ai trouvé ni les biens dont les hommes font cas, ni ceux dont j’aurais fait cas moi-même ; vous savez à quel prix elle m’a vendu cette fumée dont-ils sont si avides, et qui, même eût-elle été plus pure, n’était pas l’aliment qu’il fallait à mon cœur. Tant que la fortune ne m’a fait que pauvre je n’ai pas vécu malheureux. J’ai goûté quelquefois de vrais plaisirs dans l’obscurité : mais je n’en suis sorti que pour tomber dans un gouffre de calamités, et ceux qui m’y ont plongé se sont appliqués à me rendre insupportables les maux qu’ils feignaient de plaindre et que je n’aurais pas connus sans eux. Revenu de cette douce chimère de l’amitié dont la vaine recherche a fait tous les malheurs de ma vie, bien plus revenu des erreurs de l’opinion dont je suis la victime, ne trouvant plus parmi les hommes ni droiture, ni vérité, ni aucun de ces sentiments que je crus innés dans leurs âmes parce qu’ils l’étaient dans la mienne, et sans lesquels la société n’est que tromperie et mensonge, je me suis retiré au-dedans de moi, et vivant entre moi et la nature, je goûtais une douceur infinie à penser que je n’étais pas seul, que je ne conversais pas avec un être insensible et mort, que mes maux étaient comptés, que ma patience était mesurée, et que toutes les misères de ma