Droit et morale s'opposent-ils?
André Comte Sponville nous dit que « La morale n'est légitime qu'à la première personne. La morale ne vaut que pour soi ; pour les autres, la miséricorde et le droit suffisent. ». Ici, l'auteur pose très clairement la question des rapports entre la morale, la justice et le droit puisque ces trois concepts sont intiment liés. En effet, comme le suggère Paul Ricoeur, le droit sans la morale, ce n'est pas la justice. En fait, la morale est du domaine de l'individu tandis que la justice est de celui de la société. Le droit se distingue d'autres types de règles de conduite en société, comme les règles politiques, religieuses ou encore morales. Le terme de droit est ici employé dans son sens de « droit objectif », défini comme un « ensemble des règles régissant la vie en société et sanctionnées par la puissance publique ». Du point de vue de la société, la morale est la théorie de l'action humaine soumise au devoir et ayant pour but le bien. D'un point de vue juridique, la morale est relative aux bonnes mœurs, c'est à dire aux usages, aux coutumes d'une personne ou d'un groupe d'individu. A l’inverse de la pensée du Comte-Sponville et Ricoeur, l’opposition entre le droit et la morale est pourtant classique chez certains auteurs dont Kant : alors que le droit a pour but le maintien de l’ordre social, la morale recherche le perfectionnement intérieur de l’homme. Il est donc intéressant d’examiner si droit et morale s’opposent. Cela nous amène à nous poser la question de comment le droit et la morale se distinguent-ils et en quel sens sont-ils complémentaires ? Si le droit et la morale entretiennent des rapports étroits (I), il demeure entre eux un certain nombre de divergences qui expliquent qu’ils s’agissent de deux systèmes normatifs distincts (II).
Les divergences entre le droit et la morale
Tout d’abord, le droit et la morale s’opposent par leur différence de domaine (A). De plus, les sanctions des règles morales et celles