UNE JOURNÉE DU ROI A VERSAILLES.

Le duc de Saint-Simon (1675-1755) quitta l'armée en 1702 et jusqu'en 1710, habita le château de Versailles. Esprit perspicace et critique, il observa tout. Dans sa vieillesse il rédigea ses Mémoires. Voici comment il décrit une- journée de Louis XIV : « A huit heures le premier valet de chambre, qui avait couché seul dans la chambre du roi et qui s'était habillé, l'éveillait. Le premier médecin, le premier chirurgien et sa nourrice tant qu'elle a vécu entraient en même temps.... Au quart on appelait le grand chambellan, en son absence le premier gentilhomme de la chambre, avec eux les grandes entrées. L'un de ces deux ouvrait le rideau qui était refermé et présentait l'eau bénite du bénitier du chevet du lit.... Le même lui donnait sa robe de chambre et ce pendant les secondes entrées entraient... puis tout le monde, qui trouvait le roi se chaussant; car il se faisait presque tout lui-même avec adresse et grâce. On lui voyait faire la barbe de deux jours l'un.... Dés qu'il était habillé il allait prier Dieu à la ruelle de son lit. » Puis le roi allait à la messe et, au retour, « demandait presque aussitôt le conseil. Le dimanche il y avait Conseil d'État et souvent les lundis; les mardis conseil de finance; les mercredis conseil d'État; les samedis conseil de finance. Une ou deux fois le mois il y avait un lundi matin conseil des dépêches [où on lisait les « dépêches » des intendants], mais les ordres que les secrétaires d'État prenaient tous les matins entre le lever et la messe, abrégeaient et diminuaient fort ces sortes d'affaires », A une heure de l'aprés-midi « le dîner était toujours au petit couvert, c'est-à-dire seul dans sa chambre, sur une table carrée vis-à-vis la fenêtre du milieu. La table entrée, les principaux courtisans entraient ». Après le déjeuner Louis XIV allait voir ses chiens, puis s'habillait pour la promenade. « Comme il était peu sensible au froid et au chaud, même â la pluie, il n'y