Droit
Dissertation : La garde de la chose
Les rédacteurs du Code civil avaient envisagé le fait des choses aux articles 1385 et 1386 à travers deux cas particuliers conçus de façon limitative, le fait des animaux d’une part et le fait des bâtiments d’autre part. Ces deux faits spécifiques répondaient à l’époque à la réalité des dommages causés du fait des choses. Cependant cet équilibre n’a pas résisté à l’avènement de l’ère industrielle, en effet de nouvelles formes de dommages sont apparues. Elles étaient non seulement de plus en plus grave et nombreuses mais présentaient surtout un caractère anonyme, en ce sens il était souvent impossible d’en imputer l’origine à la faute d’une personne identifiée. La responsabilité fondée exclusivement sur la faute ne parvenait plus à répondre aux besoins nouveaux de la société industrialisée. Conscients de a nécessité d’indemniser les victimes (souvent des ouvriers de l’industrie), les tribunaux, appuyé par la doctrine n’ont pas manqué de réagir et d’innover. Par un arrêt fondateur du 18 juin1896 dit arrêt Teffaine, la Cour de Cassation, prenant appui sur l’article 1384 alinéa 1er du Code civil n’a pas hésité à dégager e principe général selon lequel on est responsable du fait des choses dont on a la garde. En l’espèce constatant que l’explosion de la chaudière d’un remorqueur résultait d’un vice de fabrication la Cour de Cassation estime « Qu’au terme de l’article 1384 du Code civil, cette constatation, qui exclut le cas fortuit et la force majeure, établit vis-à-vis de la victime de l’accident, la responsabilité du propriétaire remorqueur sans qu’il puisse s’y soustraire en prouvant soit la faute du constructeur soit le caractère occulte du vice incriminée ».
La responsabilité du fait des choses est donc la situation dans laquelle un individu engage sa propre responsabilité délictuelle à la suite d'un préjudice qu'il aurait causé à autrui par le biais d'une de ses choses