Paix et guerre entre les nations raymond aron, 1962, rééd. Calmann-Lévy, coll. « Liberté de l'esprit », 2001. Régis Meyran 1962 raymond aron Paru en 1962, Paix et guerre entre les nations est peut-être le plus ambitieux des ouvrages politiques de Raymond Aron, qui le travailla toute sa vie au point d'y ajouter une présentation inédite en 1983, l'année de sa mort. Il voulait dans ce travail tout à la fois élaborer une théorie générale des relations internationales, mais aussi une sociologie et une histoire, avant de conclure sur une morale d'action. Tout d'abord, Aron entend fonder une théorie des relations internationales, selon laquelle la guerre est l'élément central des relations entre les nations. A partir d'une relecture de l'oeuvre du théoricien militaire prussien Karl von Clausewitz, il rappelle que la guerre n'est jamais qu'un moyen parmi d'autres de continuer à faire de la politique. Ce qui revient à dire, selon lui, que la stratégie (c'est-à-dire la conduite des opérations militaires) et la diplomatie sont deux formes d'action politique, jamais totalement inséparables, que les Etats utilisent de façon combinée mais différemment selon la circonstance et toujours en fonction de l'intérêt national. De plus, la guerre est perçue à la fois comme un fait universel - à la limite, une donnée naturelle des sociétés humaines - et comme une nécessité dans un monde multiétatique : en effet, selon l'auteur, « toute unité politique aspire à survivre », et la survie d'une société nécessite son expansion. Dans cette perspective, la guerre servirait à l'expansion d'un Etat, pour occuper un sol et des hommes, deux denrées éminemment exploitables, et pour imposer en outre des idées (par exemple religieuses). Mais pour comprendre les différentes modalités de guerre et de paix, il convient de tenir compte du contexte historique, c'est-à-dire de décrire les « systèmes » ou groupements d'Etats entre lesquels se déroulent les relations internationales et où