Du bellay deja la nuit en son par amassait
Un grand troupeau d'étoiles vagabondes,
Et pour entrer aux cavernes profondes
Fuyant le jour, ses noirs chevaulx chassoit ;
Déjà le ciel aux Indes rougissoit,
Et l'Aulbe encor de ses tresses tant blondes
Faisant gresler mille perlettes rondes,
De ses thésorts les prez enrichissoit ;
Quand d'occident, comme une étoile vive,
Je vy sortir dessus ta verte rive,
O fleuve mien ! une Nymphe en rient.
Alors voyant cette nouvelle Aurore,
Le jour honteux d'un double teint colore
Et l'Angevin et l'Indique orient.
J. du Bellay, L'Olive sonnet LXXXIII (1549)
Le thème de la « belle Matineuse », dont l'éclat fait pâlir l'Aurore, prend naissance avec un sonnet de l'italien Rinieri. Il donna lieu à de multiples variations dans toute l'Europe et les poètes de la Pléiade en firent un de leurs motifs privilégiés.
C'est un sonnet qui raconte un "souvenir poétique". Il appartient au registre descriptif et lyrique.
1. La description de l'aube (2 quatrains)
a. Recours aux images de la mythologie
b. Recours aux images de la grâce adolescente
2. l'apparition d'une jeune femme dénudée (1er tercet)
a. Comparaison avec l'étoile (du berger) c'est-à-dire Vénus ? Voir la naissance de Vénus de Boticelli, thème favori de la Renaissance
b. Comparaison avec la nymphe, déesse des eaux
3. La gêne du poète (dernier tercet)
a. Jeu de mots sur le rosissement de l'aurore : couleur du ciel à l'est (indique orient) et de la honte du poète (l'Angevin)
b. Le poète comme le jour est spectateur (voyeur) de l'intimité féminine. Le jour personnalisé dévoile sous sa lumière une scène charmante.
Conclusion : le tableau de la jeune femme au bain, un souvenir personnel ou une peinture de genre ? Traitement typique de la Renaissance. Poème léger et gracieux (voire précieux) sous ses recours systématiques à la mythologie