Du graffiti au street art
Le Musée d’Ixelles propose une exposition sur l’art du graffiti à Bruxelles. Son commissaire, Adrien Grimmeau, publie, parallèlement à l’évènement, un ouvrage qui retrace l’évolution de la pratique, dans la capitale, des graffeurs hip hop des années ’80/’90 jusqu’au Street Art.
On assiste, ces dernières années, à un véritable boom du phénomène Street Art. Cet art de la rue et ses artistes envahissent les institutions et les galeries, offrant une reconnaissance et une visibilité nouvelle à cette pratique qui forme un courant spécifique de l’art contemporain. S’il existe autant de styles que d’artistes, leur regroupement se justifie essentiellement par leur assimilation du mouvement graffiti dont ils sont, de près ou de loin, issus.
Le hip hop naît dans le Bronx new-yorkais, au début des années ’70, autour de la figure emblématique d’Afrika Bambaataa, et fédère quatre disciplines : le DJing, le rap, le breakdance et le graffiti. Véritable contre-culture, il canalise les espoirs d’une classe sociale défavorisée qui aspire à exister et à se faire entendre. Cette échappatoire créatrice, évoquant les chants des esclaves africains dont provient le Jazz, constitue un véritable mouvement dont l’influence, considérable de par le monde, a finalement forcé sa légitimation au sein de la culture officielle.
L’engouement suscité par le Street Art provient essentiellement de son développement en dehors du champ traditionnel de l’art, en pleine rue, visible et accessible à tous. Des tags qui envahissaient le métro new-yorkais dans les années ’70 aux interventions fortement médiatisées de Banksy[1], que s’est-il passé ? L’effacement de la frontière entre culture savante et culture populaire, dont Andy Warhol est l’un des fers de lance, ouvre la voie à la reconnaissance du graffiti. Ce dernier désigne d’ailleurs Jean-Michel Basquiat comme son héritier et lui ouvre les portes des galeries. Basquiat devient ainsi, avec Keith Haring, l’une des