Du réalisme au naturalisme
Naturalisme : au début du xviiie siècle, ce dérivé savant de « naturel » distinguait le système symbolique d'interprétation de phénomènes naturels. L'expression « naturalisme » s'employa plus tard dans le cadre de théories excluant une cause surnaturelle. Au xviiie siècle, on utilise aussi ce mot dans le vocabulaire scientifique pour désigner le caractère naturel d'un phénomène. Ce terme tomba en désuétude jusqu'en 1857 au moment où la Revue Moderne publia une critique. Celle-ci qualifia la peinture de Gustave Courbet de naturaliste, dans le sens de « peintre de la nature réaliste ».
Henri Mitterand distingue deux périodes dans le naturalisme théorique de Zola qu'il situe au carrefour du Romantisme (Jules Michelet et Victor Hugo), dont il a été imprégné par ses lectures de jeunesse, et du Positivisme qu'il a pratiqué à la Librairie Hachette (Taine et Littré). La première époque court de 1866 à 1878 avec un point de départ posé par la publication de Mes haines. Zola s'y veut moderniste, révolutionnaire dans l'âme, en réaction. Il rejette le romantisme démodé « comme un jargon que nous n'entendons plus55 ». Au Congrès scientifique de France en 1866, Zola adresse un mémoire qui compare le roman naturaliste à l'épopée. L'écrivain y affirme que le genre épique est spécifique à la Grèce antique, et ce lien nécessaire entre un genre littéraire et un contexte spécifique donné manifeste clairement un déterminisme littéraire proche de celui de TaineN 28. Cette démarche critique est ainsi définie par le philosophe : « la race, le milieu, le moment et la faculté maîtresse ». Mais Zola se distingue de Taine en affirmant la prédominance du tempérament. C'est la différence principale entre le