Dubé, marcel. un simple solda
Au lendemain de la première, en 1958, un critique reprocha à l'auteur «d'éparpiller» l'étude du héros, de sa «passion [...] à travers trop d'épisodes, trop de tableaux». Un autre parla d’un «émiettement de l’action». Un troisième n’y vit qu'une accumulation de « choses vues », de témoignages, une élaboration de thèmes.
S'il s'agissait seulement de décrire la tragédie d'un personnage, le reproche serait fondé. Mais, s’il n’y a pas d’action dramatique et cohérente qui réunisse en un faisceau tous les éléments, tous les personnages, c’est que Marcel Dubé a voulu, selon l'idéal proposé jadis par Zola, donner une «tranche de vie», situer son personnage dans une sorte de fresque sociale et réaliste, les deux pôles de l’action, les deux lieux dramatiques importants étant le bar que fréquente Joseph et le salon de la famille Latour. On apprend en même temps, bien qu'avec moins de détails, ce qui arrive à Émile, à Marguerite, à Fleurette, à Tournevis et Pitou, voyous du quartier, et même à la mère Brochu qui a perdu un chat.