Duchamp
À propos de ce vide, Danto revient sur les mots de Warhol, qui décrit l’expérience simple de s’attarder longtemps sur un objet comme une sorte de méditation : « plus le sens disparaît, et plus vous vous sentez bien et vide ». Le ready made se découvre être une œuvre en creux, non pas invisible mais muette, et dans un certain sens encore éloquente parce que nue.
« Je considérerai donc les interprétations comme des fonctions qui transforment des objets matériels en œuvres d’art. En effet, l’interprétation est le levier qui extrait les objets du monde réel pour les élever au monde de l’art, où ils sont dotés d’attributs souvent inattendus. » (p.63)
L’interprétation devient dans ce contexte constitutive de l’œuvre, à la faveur d’une révision du périmètre et des frontières de celle-ci. Tel est l’un des résultats possibles, des exemples donnés par le ready made.
Dés lors, la question ne fait que se déplacer sur la définition qu’on donne de l’interprétation. « La théorie critique moderne, écrit Danto, semble souscrire à une théorie de l’interprétation infinie, presque comme si l’œuvre était finalement une sorte de miroir dans lequel chacun de nous voit quelque chose de différent (soi-même), de sorte que la question de savoir quelle est l’image réfléchie correcte est