Dumas Lambert
Gabriel Lambert
BeQ
Alexandre Dumas
Gabriel Lambert roman La Bibliothèque électronique du Québec
Collection À tous les vents
Volume 929 : version 1.0
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Du même auteur, à la Bibliothèque :
Les Louves de Machecoul
Les mille et un fantômes
La femme au collier de velours
Le prince des voleurs
Robin Hood, le proscrit
Les compagnons de Jéhu
La San Felice
Othon l’archer
La reine Margot
Les trois mousquetaires
Le comte de Monte-Cristo
Le vicomte de Bragelonne
Le chevalier de Maison-Rouge
Histoire d’un casse noisette et autres contes
La bouillie de la comtesse Berthe et autres contes
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Gabriel Lambert
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I
Le forçat
J’étais vers le mois de mai 1835 à Toulon.
J’y habitais une petite bastide qu’un de mes amis avait mise à ma disposition.
Cette bastide était située à cinquante pas du fort Lamalgue, juste en face de la fameuse redoute qui vit, en 1793, surgir la fortune ailée de ce jeune officier d’artillerie qui fut d’abord le général Bonaparte, puis l’empereur Napoléon.
Je m’étais retiré là dans l’intention louable de travailler. J’avais dans la tête un drame bien intime, bien sombre, bien terrible, que je voulais faire passer de ma tête sur le papier.
Ce drame si terrible, c’était le Capitaine Paul.
Mais je remarquai une chose : c’est que, pour le travail profond et assidu, il faut les chambres
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étroites, les murailles rapprochées, et le jour éteint par des rideaux de couleur sombre. Les vastes horizons, la mer infinie, les montagnes gigantesques, surtout lorsque tout cela est baigné de l’air pur et doré du Midi, tout cela vous mène droit à la contemplation, et rien mieux que la contemplation ne vous éloigne du travail.
Il en résulte qu’au lieu d’exécuter Paul Jones, je rêvais Don Juan de Marana.
La réalité tournait au rêve, et le drame à la métaphysique. Je ne travaillais donc pas, du moins le jour.
Je contemplais, et, je l’avoue, cette
Méditerranée d’azur, avec ses paillettes d’or, ces montagnes gigantesques belles de leur terrible
nudité,