Durer
Contrairement à la mode, ici Dürer se place de face en plein centre de la toile, regardant tout droit. Ses cheveux roux-dorés sont devenus châtains, son nez c´est effilé. Plus de couvre-chef, la symétrie de sa chevelure est parfaite, comme celle du visage saisissant, barbe et moustache inclus. Bizarrement il ressemble à une icône.
Cette symétrie voulue, était depuis le bas Moyen-Age représentative du Christ Sauveur ! (Voir les Salvator Mundi de Vinci et de Dürer avec un effet miroir )
Pour la première et dernière fois dans l'histoire occidentale de l´Art, un artiste s´était représenté sous les traits christiques, sa main droite levée sur sa poitrine en ébauchant un signe de bénédiction. Alors arrogance ou blasphème ?
Non ! signe de foi : Christ était le fils de Dieu et Dieu avait créé l'Homme à son image. Nous avons déjà vu avec son premier autoportrait que pour Dürer son art était perçu comme un Don divin. Ce don, ce talent a dû être raffiné lors de son compagnonnage et par l´expérience.
Cependant, remarquons que Dürer qui subtilement partit de l'image traditionnelle du Christ, malgré des apparences initiales, n´en fait pas vraiment une image tout à fait symétrique, par exemple ses yeux regardent fixement, mais légèrement vers sa droite, côté du futur. Cet illusionnisme trompeur dans lequel l'image est peinte, est aussi une référence à la légende artistique classique d'Apelles, avec qui il avait été comparé par des humanistes contemporains.
Le résultat est une image fortement intime, celle de ses « couleurs personnelles » qui influenceront toujours la voie choisie par Dürer dans les années suivantes. C'est donc Dürer lui-même, au-delà des apparences, qui se représente ici. C´est la Vera Icon.
L´inscription, peinte au niveau des yeux, est ici en latin contrairement aux deux autres autoportraits. Il délaisse