Déficit américain
C’est en 19862 que les États-Unis sont passés d’une situation de créancier net à une situation de débiteur net (graphique 2).
En 2001, la dette extérieure nette des États-Unis représentait presque 20 % de leur PIB. Cette situation résulte de la succession, depuis 1983, de déficits courants toujours croissants, financés par des capitaux extérieurs. Ces entrées de capitaux appellent une rémunération, intérêts et dividendes, qui constituent le service de la dette. Du point de vue de l’emprunteur, on parle d’insoutenabilité de la dette (ou du déficit courant) lorsque ces sommes, prélevées sur le revenu national, deviennent suffisamment élevées pour modifier l’absorption intérieure (consommation plus investissement), permettant alors un ajustement du déficit. Un déficit de l’ordre de 4-5 % du PIB est habituellement jugé critique et s’accompagne d’une dépréciation réelle de la monnaie de l’ordre de 10-20 %3. Sur cette base, Mann (1999) par exemple anticipait que le déficit courant américain pouvait encore s’aggraver pendant deux à trois ans avant d’approcher ce seuil critique et d’entraîner une dépréciation du dollar4.
Bien que cette prévision s’avère juste, le strict point de vue de l’emprunteur (les États-Unis) n’apparaît pas approprié pour décrire les évolutions récentes du taux de change. Tout d’abord, les causalités doivent être décrites avec prudence.
La dépréciation de la monnaie peut accompagner et faciliter l’ajustement du déficit, mais elle n’est pas directement entraînée par le niveau insoutenable de ce déficit. L’insoutenabilité, du point de vue de l’emprunteur, est un problème d’origine interne
(insuffisance de l’épargne intérieure qui nécessite l’appel aux capitaux extérieurs pour financer la demande), qui peut se régler simplement par un ajustement de la demande, sans impliquer le taux de change. Par ailleurs, le seuil critique d’un déficit courant proche de