Défis agricoles du maroc rural
AHMED BELHAMD *
L’option qui a prévalu dès l’indépendance du Maroc a consisté à s’appuyer sur les grands propriétaires fonciers et à éluder la nécessité d’une réforme agraire, avec pour conséquences l’accroissement des disparités foncières, l’exode rural. Loin de générer un volume de production agricole qui corresponde à ses potentialités, le Maroc ne couvre pas ses besoins alimentaires. Il importe de s’orienter vers des structures plus productives capables d’assurer une plus grande sécurité alimentaire du pays et une amélioration des revenus des agriculteurs. L’État doit assumer ses responsabilités.
a problématique agricole et rurale intéresse en fait près de la moitié de la population mondiale, voire davantage, cette proportion pouvant atteindre les 70 % dans certains pays d’Afrique. Aux 850 millions qui souffrent de la faim s’ajoutent 2 milliards de personnes qui connaissent de grandes carences nutritionnelles. Cette population pauvre « cohabite », faut-il le souligner, avec 900 millions de résidents dans les pays à hauts revenus qui représentent 15 % de la population mondiale seulement mais concentrent 80 % du revenu brut de la planète. Quel pourrait être dès lors le contenu de ces enjeux si ce n’est la croissance et le développement ayant pour finalité l’homme et ses droits à une alimentation saine et adéquate ainsi qu’à des conditions de vie dignes, autrement dit l’éradication de la pauvreté dans ses dimensions économique, sociale et culturelle. Au Maroc, l’enquête de consommation des ménages (1999) fait état de 3 millions de personnes vivant en dessous du seuil
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CHERCHEUR AU CENTRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES AZIZ BELAL (RABAT-MAROC), ANCIEN DIRECTEUR DE CABINET DU MINISTRE DE L’AGRICULTURE
(2000-2002)
Recherches internationales, n° 80, octobre-décembre 2007, pp. 199-218
AHMED BELHAMD
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de pauvreté dont les 2/3 sont des ruraux. Cette proportion peut être autrement plus élevée en cas de