Désirer, est ce nécessairement souffrir ?
Le désir est une notion constitutive de notre personnalité et de notre existence, c’est à partir de celui-ci que nous organisons et planifions notre vie. L’homme est en effet un être de désirs : il aspire toujours à un sort meilleur, mais les objets convoités ne correspondent pas pour autant à des objets vitaux. Cette particularité permet à l’être humain de se projeter aussi souvent qu’il le souhaite dans le futur afin de l’organiser, au lieu de se cantonner à une existence simple, basée sur le moment présent. Cette faculté peut, à première vue, nous paraître comme une libération des mornes obligations présentes. Cependant ce désir « libérateur » n’impose-t-il pas en fait à l’homme un esclavage dû à la tentation, puis à l’obligation, de se projeter sans cesse dans le futur, au détriment du présent, au risque d’une vie fictive, source de contradictions avec la réalité, de frustrations et de désillusions ? Il s’avérerait alors peut-être nécessaire de déterminer, puis de distinguer, ces désirs nombreux, variés, et d’apprécier dans quelle mesure ils sont susceptible de se révéler source d’évasion ou d’aliénation.
**** *** **** Définissons tout d’abord le terme de « désir » au sens général : les désirs sont des pulsions qui tendent vers la possession, mais qui n’ont pas d’objet fixe. Ces désirs sont innombrables, infinis même et divers. C’est pourquoi la plupart d’entre eux sont refoulés dans notre inconscient, de telle sorte que nous n’en soupçonnons pas l’existence : en effet ces pulsions sont souvent contradictoires, leur application n’est absolument pas envisageable dans la réalité ; elles peuvent encore relever du domaine d’un interdit très fort ; le conscient fait encore des choix, leur attribue une importance plus ou moins grande, voire nulle, dans notre vie, les hiérarchise… Mais cette sélection et cette organisation, superficielles, ne permettent pas à celui-ci de contrôler l’existence et la