Est-on d’autant plus libre qu’on est conscient ? Avant d’être considérée par les philosophes comme une caractéristique individuelle purement psychologique et morale, la liberté fut d’abord un statut, c’est-à-dire une condition sociale et politique garantie par un ensemble de droits et de devoirs. Nous ne pouvons faire ce que nous voulons, c’est-à-dire exercer notre liberté que si nous savons ce que nous voulons, autrement dit que si nous sommes conscients. Les notions de la liberté, ou la capacité d’agir indépendamment des causes ou des contraintes externes et d’échapper à ce qui nous détermine, nous conditionne, et de la conscience, qui désigne cette faculté qui fait que nous sommes présents à nous-mêmes et au monde, qui fait que nous nous représentons le monde par nous-mêmes, sont donc liées. Mais il y a tout de même une difficulté à affirmer que nous ne pouvons être libres que si, et seulement si nous sommes conscients de ce que nous voulons. En effet, si nous savons ce que nous voulons, nous ne sommes pas nécessairement conscients des raisons pour lesquelles nous le voulons. En d’autres termes, les raisons que nous invoquerions ne seraient peut-être pas les nôtres. Nous pourrions avoir été conditionnés, manipulés à vouloir telle ou telle chose, notre conscience serait donc superficielle. Nous ne serions pas libres, mais déterminés à notre insu, inconsciemment. Cependant, ne sommes-nous pas en train de prendre conscience en doutant de soi et du caractère peut-être illusoire de la liberté. N’est-ce pas ainsi que nous pourrions commencer à nous libérer ? Le problème qui se pose à nous est celui de la liberté dans le rapport de la conscience à l’inconscient. Nous avons le choix entre, d’une part, penser que l’Homme se définit par sa conscience, comme le pense Descartes (1596 -1650) et alors nous pourrions répondre positivement au problème et, d’autre part, penser que l’Homme est un être essentiellement inconscient des causes, de ses pensées et de ses actes, et