Ecrit d'invention : lettre argumentative d'un écrivain à un autre - l'indicible de certaines expériences
FRANCAIS – pour le 10/01
Mon vieil ami,
Tu t'en douteras, cette lettre n'est pas de ces lettres qu'on survole en souriant, à demi-intéressé par quelque bavardage ou plaisanterie -que nous avons pourtant l'habitude d'échanger. Son contenu à mon sens mérite ton intérêt ; ainsi je te prierai de me lire attentivement, et peut-être que mes efforts porteront leurs fruits, te ramèneront à la raison.
Tu m'as dit dans ta dernière lettre que tu décidais finalement de ne pas faire part de ton histoire, que tu ne comptais plus, comme tu me le disais il y a si peu pourtant, raconter ces évènements qui ont marqué ton existence, ton être.
Je ne peux te laisser renoncer. Tous ces mots qui ne demandent qu'à sortir, s'écouler lentement, transmettre leur savoir à autrui ; je ne peux te laisser empêcher cela.
Et pourquoi ? Effectivement, dans cette lettre que tu m'écrivais, tu m'as confié tes doutes... Tu disais que ton vécu n'intéresserait pas, qu'il était trop personnel pour pouvoir atteindre les lecteurs, et que son écriture remuait trop de souvenirs douloureux, que tu préférais refouler, oublier. Tu disais que tu craignais de mal retranscrire les faits, de ne pas faire honneur à l'importance de la chose ; que réussir à trouver les mots pour décrire tes sentiments comme il se doit était impossible. Tu disais que tu avais peur de ne pas être pris au sérieux ; j'ai senti que cela t'effrayait vraiment : peut-être que cette histoire étant trop importante à tes yeux, tu n'aurais pas supporté qu'on la considère à sa juste valeur, qu'on ne l'aborde pas comme tu l'abordes toi-même. Tu disais qu'après tant d'oeuvres portant sur des réalités historiques, la tienne se serait en quelque sorte perdue dans la masse du banal récit autobiographique et passe inaperçue. Tu disais ta crainte de perdre la valeur que tu y portes en la partageant, que finalement, tout cela t'éloignerait de la crue vérité de ces évènements.
Je constate surtout que la peur, plus qu'autre