Ecriture d'invention - lettre
Le 13 juin 1869,
En ma résidence d’été.
Au conteur mélancolique.
Suite à la lecture de votre dernière lettre, monsieur, j’ai pu constater que la mélancolie ne vous a point encore quittée. Même si d’ordinaire préférant les histoires gaies, je dois reconnaître avoir fort bien apprécié « La légende de l’homme à la cervelle d’or ». Je lui trouve un sens si véritable. Tout au long de cette histoire je me suis sentie éprouver, certes des émotions loin d’être joyeuses, mais votre conte a su susciter en moi un grand intérêt. Quand au début de votre conte vous décrivez cet enfant si malheureux et ignorant la cause de son infortune, je ne puis m’empêcher de penser qu’une telle candeur devrait être conservée. Son innocence quant aux idées, aux réflexions qui déjà mûrissent en lui et qui n’attendent qu’à le faire souffrir devrait à jamais être conservée. J’eus tant de peine à le regarder évoluer en sachant qu’un jour il souffrirait. Et ce sentiment d’impuissance, si frustrante impuissance ! Face à la désinvolture du jeune homme qui est si fier de sa richesse qui s’use sans même qu’il ne s’en rende compte. J’eus voulu l’arrêter, l’empêcher de se précipiter vers une perte certaine. Bien heureusement vous le faites en prendre conscience, mais son repentir est bien tardif, trop tardif. Ce pauvre homme se retrouve en proie à la détresse de perdre son bien le plus précieux et ceux à qui il avait accordé sa confiance le trahissent. Sa résignation quant au vol de son ami m’a déroutée. Celui qui dilapidait avec tant d’assurance ses richesses, à présent ne réagit plus et se laisse dérober son « trésor », j’en fus déconcertée ! J’eus envie de lui donner un coup de pied au derrière pour que cet homme autrefois plein de vie quitte son désarroi et retrouve ce qu’il fut auparavant. Mais c’est l’Amour qui le consume. Bien que lui apportant un bonheur certain, bien qu’il soit éperdument amoureux, bien que ce soit réciproque, votre personnage est