Ecriture d'invention: critique du film a bout de course, de sidney lumet.
Cher Sidney Lumet,
Je me permets d’écrire « cher », car même si l’on ne s’est jamais rencontré, c’est à travers vos films que j’ai l’impression de vous connaitre. Je les ai tous regardés en boucle des centaines de fois ! Je connais presque toutes vos répliques par cœur et je m’en sers à chaque occasion, vous me prendriez peut-être pour une folle si vous le pouviez. C’est peut-être pour ça que je ne vous écrit que maintenant, il n’y a plus personne pour me juger, ni pour me lire d’ailleurs…
Je n’ai jamais connu un réalisateur tel que vous Monsieur Lumet. Dans la filmographie de nombreux autres cinéastes je pouvais adorer un film et en détester un autre, en trouver un profond dans ses prises de vues et ne voir que du superficiel dans un autre. Mais vos films Monsieur, ils sont tous tellement remplis de ce désir de montrer l’individu tel qui est, ils sont tellement criant de réalisme que je pourrais m’en boucher les oreilles. Douze Hommes en colère, Le groupe... C’est cela votre génie, montrer notre société sans pour autant jeter un avis froid et irréfléchis à nos pieds. Chaque film est politique, oui, en arrière-plan. C’est presque un détail, c’est juste là, sous nos yeux, à nous rappeler quelquefois que la société est politique, comme un ami un peu lointain qui ne veut pas sombrer dans l’oubli, c’est cela votre génie, cette subtilité. Vos œuvres je les ais souvent comparés à un tableau de Monet, une infinité de points précis, de touches de couleur, de sujets différents, de suggestions, et de rêves, qui dissociés ne veulent rien dire, mais qui réunis, forment un tout cohérent qui nous transporte nous laissant essoufflés et enchantés à la fin de leur périple. Alors vous imaginez, le choc que j’ai ressenti en apprenant votre mort, il y a à peine 3 jours ? C’est idiot n’est-ce pas, mais en voyant toutes vos œuvres, qui malgré le temps qui passe ne prennent pas une ride, j’avais du mal à vous imaginer derrière votre caméra.