Ecriture d'invention madame bovary
Enfin. Après plusieurs jours de voyage depuis Paris, la place de Yonville s'étale devant mes yeux, fidèle à mon souvenir, les halles d'un côté et l'imposante mairie de l'autre. Les chaleurs écrasantes de l'été font que la place est déserte et le bourg silencieux. Je veux lever le voile sur la mort de ma mère. Mon père, décédé quelques années après elle, ne m'en a jamais parlé, ma famille est désormais inexistante. Ma mère est un fantôme, pour moi. Partie pour Paris, je ne suis ensuite jamais revenue dans le village de mon enfance, mais je mûris depuis plusieurs années le projet de connaître la vérité, et de savoir qui étais vraiment ma mère.
À l'auberge du Lion d'Or, quand je suis entrée dans la salle, silence se fit. Il était aux alentours de dix heures et, bien que la grande salle fut presque pleine, tous les regards se tournèrent vers moi. La ressemblance avec ma défunte mère devait être frappante pour que tout le monde sache qui j'étais. La fille de Bovary. J'ai questionné des gens, j'ai demandé qui connaissait bien ma mère. Trois noms sont apparus, puis un quatrième, jeté ironiquement. Tous étaient de vagues souvenirs : Rodolphe, Léon, Homais, puis Lheureux.
J'ai décidé d'aller voir Rodolphe, dans sa demeure à l'écart du village. Je ne sais que penser de ce qu'il m'a dit alors, de son air bravache et hautain. Il m'a dit avoir eu une liaison avec ma mère. Le choc est brutal. J'avais d'elle une image pieuse, de femme sage malgré quelques comportements incompréhensibles. Apparemment, la liaison ne dura que peu de temps, et fut interrompue par une fuite avortée du fait de la lâcheté de Rodolphe. Ce n'est point ce qu'il m'a dit, mais dans ses paroles ressortait le peu d'importance qu'il avait attaché, finalement, à la douleur que son désistement a causé à ma mère. Car il a évoqué ensuite ses problèmes de santé. Je ne sais après ça que penser de ma mère. Était-elle naïve au point de croire un être vil tel que Rodolphe ? Apparemment. J'ai quitté