Ecriture d'un journal intime sur le texte du pianniste
Vendredi 26 Novembre 1943
Aujourd’hui, alors que j’inspectais le bâtiment où doit s’installer l’état-major des forces spéciales de Varsovie, j’ai vu un homme. Celui-ci, m’a fendu le cœur de par son extrême pauvreté. Alors que je marchais dans le futur quartier général, j’ai entendu de nombreux bruits métalliques. Aussi curieux que je suis, j’ai voulu savoir d’où provenaient ces bruits. En m’approchant de la source de ces sons, j’ai découvert un vieil homme. Là, devant moi, il ne m’avait pas encore aperçu, je l’observais, longuement sans faire de bruit pour pas qu’il ne me remarque. Il avait le dos courbé, était vêtu de guenilles et semblait affamé, cherchant de la nourriture. C’était tout ce dont je pouvais voir de lui. Je ne connaissais encore pas les traits de son vieux visage. Je ne sais pourquoi mais j’éprouvais une sorte de compassion et de mépris pour lui, cet homme si frêle. Sans vouloir le surprendre, je lui demandais ce qu’il fabriquait là. Soudainement, il s’est retourné et j’ai pu voir son visage, marqué par le temps. Son regard semblait être terrifié. N’ayant pas obtenu de réponse, j’ai reposé ma question en lui expliquant que l’état-major devrait emménager dans ce bâtiment d’ici peu. Le faible homme, résigné s’est alors laissé tomber sur une chaise voisine et m’a répondu après quelques instants que je pouvais faire ce que je voulais de lui, qu’il ne bougerait pas. Sa phrase m’avait troublé, ou plutôt la dureté de celle-ci m’avait troublé. J’ai voulu le rassurer, en lui disant que je n’avais pas l’intention de lui faire quoi que ce soit. Après un instant, afin de connaître davantage de sa personnalité, je lui ai demandé quel était son métier. En hésitant, il m’a alors répondu qu’il était pianiste. Sa réponse me paraissait être comme une révélation, j’étais maintenant presque sûr qu’il était juif, en moi, une prise de conscience s’opérait. Afin d’en avoir le cœur net, j’ai eu l’idée de lui proposer de jouer