Ecriture
11 février 2011
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La ville n’avait pas encore ouvert les yeux, mais le Gymnase accueillait déjà ses athlètes. Chaque mardi, c’était la même chose: les ouvriers côtoyaient les gardiens d’immeuble et quelques fêtards venus se réfugier sous le signe du café croissant. Les éveillés confrontaient à l’envie politiciens et utopies dans des discussions matinées d’accent du sud. Installé au comptoir, je profite de mon quart d’heure d’actualité prodigué par ces experts d’un jour. Aujourd’hui, délocalisations et match de rugby, ou comment compiler chaîne d’information sportive et discussion sur la crise économique. Des idées simples, franches et populistes, parfait pour rôder l’esprit avant une longue journée. On dit de l’établissement que son petit noir est infâme, mais il a le mérite de vous donner un sérieux coup de fouet. Le patron doit sûrement corser l’affaire pour motiver les troupes. Qu’importe, c’est exactement ce qu’il me faut. A ma gauche, un homme tapote mécaniquement sa cigarette sur son ongle, les yeux fixés sur la petite tasse devant lui. Il abandonne une pièce sur le zinc, prend sa tasse et file dehors. Il ressemble à ces cadres qu’on fait trop travailler, appâtés par d’obscures primes et promotions. Dehors, il allume timidement sa cigarette, retient sa respiration puis lâche une grande bouffée salvatrice. C’est tout le problème avec la cigarette du matin, probablement la plus dure à effacer lorsqu’on a fait le choix d’une vie saine et d’une carrière bien