Ecume
Les carences des détenus dans « Si c’est un homme » de Primo Levi
Une vaste « étude dépassionnée de certain aspects de l’âme humaine », « une gigantesque expérience biologique et sociale », telle est décrite l’expérimentation a laquelle Primo Levi et de nombreux autres détenus ont du faire face durant le troisième Reich. Une étude ou les déportés de l’Europe entière se sont vus dépourvu de tout bien-être, de tout confort, de toute prospérité, de toute béatitude, ne leurs laissant uniquement à sauver l’ « ossature, la charpente, la forme de la civilisation ». Démuni de tout ce qu’ils ont pu connaître auparavant, palpable ou non, les Häftlings se retrouve alors à la merci des « SS » menaçant qui ont tout contrôle sur eux. « En ce lieu, tout est interdit, non certes pour des raisons inconnues, mais bien parce que c’est là précisément toute la raison d’être au Lager ».
Mais la privation commence bien avant l’arrivée au camp, même avant le départ, les élus se trouvent dénué d’information sur la destination et le motif du voyage, « l’annonce de la déportation prit tout le monde au dépourvu ». Puis une fois dans le train les emmenant en Pologne, les voyageurs manquent d’ors et déjà de place, de vivre, d’intimité, de dialogue avec l’extérieur, ayant pour seuls indications la température changeante et la vue du temps passant à travers une petite lucarne laissant apercevoir un cliché du paysage et les noms de quelques villes connues. Arrive alors le moment ou les wagons jonchent les terres polonaises et ou l’excursion abouti. Toujours démuni de tout renseignement, « on ouvrait les portières des wagons des deux côtés en même temps, […].Ceux que le hasard faisait descendre du bon côté entraient dans le camp ; les autres finissaient à la chambre à gaz ».