Egalité des sexes
Une histoire de science-fiction
Marika Moisseeff
La science elle-même, dès qu’on la conçoit comme untout cohérent et qu’on en tire des modes de représen-tation et de comportement, joue le rôle d’un mythe.
Smith 1996 : 1039
Une question s’impose : est-il possible de dégager, au sein de la masse desœuvres produites dans les sociétés occidentales modernes, un corpus mythologiqued’ampleur équivalente à celui collationné et analysé par Lévi-Strauss pour les socié-tés amérindiennes? Car les anthropologues ont beau affirmer que les mythes existentdans toutes les sociétés, qu’elles soient ou non très « évoluées » au plan technologi-que (Smith 1996 : 1037), ils n’en continuent pas moins à conférer le titre de mythesavant tout à des récits recueillis ailleurs ou écrits à une autre époque. Je vais essayerde montrer ici que la science-fiction doit être appréhendée comme un corpus mytho-logique au sens propre dont le contenu et la fonction ne peuvent être compris qu’enréférence à l’aire culturelle au sein de laquelle il a émergé : l’Occident moderne oùles sociétés accordent une place prééminente à la science dans les représentationsautant que dans les pratiques.Je commencerai par revenir sur les propositions de Vernant concernant lafonction sociale des mythes afin de convenir d’une acception minimale communede ce qu’est la mythologie. Puis je présenterai l’analyse d’un ensemble représentatif de productions populaires ayant trait à la reproduction. On verra qu’elle permetd’éclairer les soubassements de l’idéologie occidentale se rapportant à la différencedes sexes et des cultures.
Cosmologie, idéologie, mythologie
Vernant nous rappelle que les recherches qui, dans l’entre-deux-guerres,