Eldorado
Commandant de la marine militaire italienne, Salvatore Piracci profite de sa permission à terre pour se promener dans les rues de Catane. Une femme aux allures de fantôme le suit jusque chez lui. Là, elle lui rappelle qu’ils se sont déjà rencontrés en 2004, lorsque son équipage avait intercepté, au large des côtes italiennes, le Vittoria, un navire libanais à la dérive depuis trois jours, chargé d’émigrants. Beaucoup d’entre eux avaient péri, dont son fils de onze mois, mort de soif entre ses bras et jeté par-dessus bord. Cette femme crie vengeance et demande une arme au commandant pour tuer l’homme d’affaire syrien qui a affrété ce navire et l’a abandonné délibérément en pleine mer (« Damas affrète un navire de crève-la-faim qu’il lance à l’assaut de la forteresse européenne », p.33). Piracci tente de la dissuader, puis cède face à sa détermination (« elle était comme un bloc dur de volonté », p.42). La femme disparait, laissant le commandant vide (« D’un vide confortable qui le dégoûtait », p.42).
CHAPITRE II. TANT QUE NOUS SERONS DEUX
Dans le même temps, quelque part au Soudan, deux frères, Soleiman et Jamal font leurs adieux silencieux à tout ce qui a fait leur vie jusque-là : leurs habitudes, leurs amis, leur famille (« Nous allons laisser derrière nous la tombe de nos ancêtres. », p.46). Ils s’apprêtent à rejoindre l’Europe clandestinement (« Dans une seconde nous serons comme des animaux craintifs qui sursautent à chaque éclat de voix », p.54). Soleiman place toute sa confiance en son frère.
CHAPITRE III. TEMPÊTES
À Catane, alors que Piracci évoque le destin tragique de la femme du Vittoria avec son ami et confident, Angelo, le Second vient chercher son commandant. Un cargo en détresse a lancé, dans une mer démontée, des canots de sauvetage sur lesquels se trouvent les clandestins qu’il transportait. Lors d’une accalmie, les marins italiens parviennent à sauver deux canots (« Parce qu’on ne laisse pas la mer manger les