Electric chair
C’est en 1963 que le motif de la chaise électrique fait son apparition dans l’iconographie warholienne où, à côté des symboles de la pop culture (Marilyn Monroe, Liz Taylor, Elvis Presley, Troy Donohue, le dollar, la boîte de soupe Campbell ou la bouteille de Coca-Cola), il figure parmi d’autres images résolument létales (répression d’émeute raciale, accident de la route, suicide, empoisonnement alimentaire ou champignon nucléaire). Si la chaise électrique s’impose comme motif, c’est bien sûr que la mort violente venait d’entrer dans la vie politique (assassinats de John F. Kennedy et Lee Harvey Oswald) ; c’est aussi qu’après l’exécution de Caryl Chessman, en 1960, un mouvement sans précédent de protestation contre la peine de mort s’était développé. Cependant, par-delà ces données circonstancielles, cette représentation d’une chaise électrique dans la chambre d’exécution s’apparente, malgré ses couleurs, à une peinture noireporteuse d’une vision foncièrement pessimiste de la société américaine. Bien plus, cette icône sale, à la mauvaise définition, mal cadrée et dont le jeu des couleurs ne respecte pas l’organisation, n’est qu’un fantôme d’image. Allégorie de la mort, qui figure, en même temps, la mort de la mort. La chaise est vide, le corps est absent et, dans certaines pièces de la série, un monochrome viendra flanquer le motif de la chaise plusieurs fois répété. En d’autres termes, pareille peinture traduit avant tout le commerce fasciné de l’artiste avec le rien, dont la frivolité, la surface, la répétition, la mort ne sont que les différents