Eleusis
405-495
Alors la très belle Perséphone la regarda et lui dit :
« Hé bien! Mère, je te dirai toute la vérité. Lorsque le bienveillant Hermès, rapide messager, vint, au nom du Cronide le Père et des autres Fils du Ciel, pour me tirer de l'Erèbe ténébreux et te permettre de me voir de tes yeux – te faisant déposer ta colère et ton courroux contre les Immortels – j'en ai sur le champ bondi joie ; mais il m'a mis sournoisement dans la main un aliment doux et sucré – un pépin de grenade – et malgré moi, de force, il ma contrainte à le manger. Comment il m'a enlevée, selon les desseins profonds du Cronide, mon père, et est parti en m'entrainant dans le sein de la terre, je vais te le dire, et te le raconter en détail ainsi que tu me le demandes. Nous étions toutes dans une charmante prairie –Leucippé, Phainoô, Electre et Ianthé, – Mélité, Iaché, Rhodia et Callirhoé, – Mélobosis, Tyché, Ocyrhoé fraiche comme une corolla, – Chryséis, Ianire, Acasté et Admété, – Rhodopé, Ploutô et la séduisante Calypsô, – Styx, Uranie et la gracieuse Galaxauré, – Pallas qui excite au combat et l'Archère Artémis: nous jouions et cueillions de nos mains des fleurs charmantes – tout à la fois les tenders crocus, les iris, les jacinthes, les boutons de roses, les lis qui éblouissent les yeux, et aussi le Narcisse que la vaste Terre fit pousser comme la fleur de safran. Et moi, toute joyeuse, je le cueillais, lorsque s'ouvris la terre d'en-dessous et qu'il en surgit le Seigneur de tant d'hôtes. Malgré toute ma résistance, il m'a entraînée sous terre avec son char d'or, et j'ai poussé des cris aigus. Voilà toute la vérité que je te dis, malgré mon chagrin. »
Elles passèrent ainsi le reste du jour unissant leurs cœurs ; elles se réconfortaient par mille témoignages d'affection mutuelle, et leur cœur cessa de souffrir ; elles se donnaient, et recevaient l'une de l'autre, des preuves de leur joie. Puis elles virent s'approcher Hécate au bandeau