Embrassons-nous, folleville
Folleville, seul, à la cantonade : Prévenez M. le marquis de Manicamp que le chevalier de Folleville l’attend au salon. (Descendant la scène.) Allons, c’est décidé, il faut que j’en finisse aujourd’hui. Comprend-on ce Manicamp ?… se prendre tout à coup d’une belle passion pour moi à propos de je ne sais quelle aventure de chasse et vouloir à toute force me faire épouser sa fille. Tous les matins, j’entre ici avec la ferme résolution de rompre… mais, dès que Manicamp m’aperçoit… il m’ouvre lesbras, me caresse, m’embrasse en m’appelant son cher Folleville… son bon Folleville… le moyen de dire à un père aussi souriant : "Votre fille n’est pas mon fait, cherchez un autre gendre…" Alors j’hésite, je remets au lendemain, les jours se passent, et, si ça continue, je me trouverai marié sans m’en apercevoir…Ce n’est pas que mademoiselle Berthe de Manicamp soit plus mal qu’une autre… Au contraire, elle est jolie, spirituelle, riche… oui, mais elle a un défaut, elle est petite… oh ! mais petite !… tandis que ma cousine Aloise !… une cousine de cinq pieds quatre pouces !…
Air de la Colonne
Sa taille svelte, élancée et bien priseÀ sur mon cœur des charmes tout-puissants,J’ai constaté d’ailleurs, avec surprise,Qu’elle grandit encore tous les ans,Elle grandit encore tous les ans.Plus je la vois qui s’élève et progresse,Plus mon amour va pour elle en croissant,À ce jeu-là, je ne sais pas vraimentOù doit s’arrêter ma tendresse.
D’ailleurs, notre mariage est arrêté depuis longtemps entre les deux familles… Ma foi ! j’en suis fâché pour mademoiselle Berthe, mais je