Emile zola
Explication
Situation. Sous-chef de gare au Havre, Roubaud attend sa femme Séverine dans une chambre, impasse d’Amsterdam, près de la gare Saint-Lazare, prêtée par une collègue, la mère Victoire.
I. Un moment de pause
Cette scène se caractérise essentiellement comme un temps de pause, un entre-deux narratif peu avant l’arrivée et la présentation de Séverine puis la violente dispute du ménage lors de laquelle se décide le meurtre de Grandmorin qui nouera l’intrigue. Dans l’intervalle, le récit nous retrace une attente morne, celle de Roudaud s’agaçant intérieurement du léger retard de son épouse (" A quoi diable Séverine pouvait-elle s’attarder ainsi ? Elle n’en sortait plus, lorsqu’elle était dans un magasin. ", p. 40). La première impression est donc qu’il s’agit là d’un instant purement expectatif où il ne se passe rien. On trouve certes l’alternance habituelle des temps du récit, passé simple et imparfait. Pourtant le jeu temporel semble désamorcé, le relief modal des temps comme gommé, les verbes au passé simple marquant surtout des moments d’arrêt qui freinent la séquentialité des actions et placent la scène dans un état de suspension : " La demie sonna " (l. 1), " en passant devant la glace, il s’arrêta, se regarda " (l. 3-4). Cette scène peut même apparaître comme une parenthèse, au demeurant négligeable, dans la mesure où elle n’apporte aucun élément nécessaire à l’intrigue. En outre, installant son personnage dans une " attente désœuvrée " (l. 3), Zola en profite pour nous en dresser le portrait. Ainsi combiné à un morceau descriptif, ce récit de l’attente ne paraît générer aucune narrativité mais se contente de transmettre au lecteur l’ennui et la désolation qui envahissent Roubaud. Il ne faut toutefois pas s’y tromper. Derrière cette apparente apathie du personnage se profile une exaspération et une violence qui perce du portrait lui-même.
II. La charge dramatique du