En quel sens peut-on dire que l'homme est un être dénaturé ?
La question présuppose que l’homme a eu une nature, a vécu dans un état naturel et qu’il s’en est éloigné. Il faut donc comprendre quelle serait cette nature et comment ou par quoi elle serait niée.
Il faut aussi se demander si un état primitif a existé et si l’homme a une nature
Le terme « dénaturé » comporte aussi une connotation péjorative et suppose que cette perversion de l’état originel de l’homme ne lui serait pas favorable.
Les récits de Christophe Colomb ou des grands voyageurs comme Bougainville décrivent des hommes qui semblent vivre dans un état plus en harmonie avec la nature que les sociétés monarchiques européennes. Les penseurs ont supposé que l’homme évoluait d’un état primitif proche de la nature jusqu’à des états extrêmement civilisés dont les règles morales, les conventions devenaient des artifices contraires aux vrais besoins de l’homme. On a supposé que la culture avait dénaturé l’homme.
Le passage de l’état de nature à l’état social pourrait dénaturer l’homme. En l’absence de règles sociales et morales établies, l’homme n’obéit qu’à ses propres droits naturels. Il défend sa vie par tous les moyens et fait ce qui est en son pouvoir sans se soucier des autres. Il peut user de violence pour satisfaire ses intérêts immédiats. La société impose des règles, l’homme perd sa liberté naturelle pour obéir aux lois qui rendent possibles la coexistence des hommes entre eux. Hobbes.
La civilisation réclame une maîtrise des pulsions et des désirs immédiats. L’homme passe de l’égoïsme à la solidarité, au partage, au respect de l’autre. Cette maîtrise peut être ressentie comme une perte de liberté. Les jeunes enfants doivent apprendre le contrôle d’eux-mêmes. Ils intériorisent les interdits. Ils subissent des contraintes pour s’adapter au rythme social. Ils doivent dépasser le principe de plaisir pour intégrer le principe de réalité. Freud
Les dysfonctionnements de la