En sourdine , verlaine
VERLAINE : En sourdine
En sourdine est l’avant dernier poème du recueil Fêtes galantes publié en 1869. Cet ouvrage poétique d’une musique et d’un charme subtil, à la grâce légère, frivole et mélancolique, emprunte ses personnages à la comédie italienne et son décor à Watteau mais trahit, dans son inquiétude indéfinissable, l’angoisse profonde et la dissonance secrète de l’âme du poète. Ce recueil présente aussi une grande unité thématique et le décor des fêtes galantes n’est qu’un prétexte pour laisser libre cours à un imaginaire personnel. C’est dans le goût de l’éphémère et la superficialité de la sensation que Verlaine dévoile en fait les aspects durables et profonds de la vie émotive. Avec l’étude du poème En sourdine, nous évoquerons la présence de l’amour, l’atmosphère de la douceur et enfin l’état d’âme du poète.
La thématique de l’amour est largement suggérée, notamment à travers la présence de la femme. Cependant, celle-ci n’est évoquée en tant que personne individuelle seulement à la troisième strophe, à travers la description d’éléments de son corps : tes yeux, tes bras, ton sein, tes pieds. Ici le poète s’adresse directement à la femme aimée avec des verbes à l’impératif, impliquant une idée d’ordre : ferme, croise, chasse. Verlaine met donc cette femme sous sa protection, il semble deviner les formes de son corps et la valeur de ses sentiments. Mais on ne sait quasiment rien de cette femme car elle est principalement évoquée par la vision du poète, qui s’associe à la femme aimée et qui est donc difficile à percevoir en tant qu’être particulier et unique. C’est seulement à travers l’auteur que l’on peut essayer de se représenter cette femme. De plus, on peut parler ici d’un amour imaginé et idéalisé, comme d’un rêve éphémère. En effet, le caractère idéalisé de l’amour se double d’une forte intensité des sentiments comme le souligne le lexique utilisé : pénétrons bien notre amour, sens extasiées. Verlaine éprouve le