Enfantain
Le deuxième conte est inspiré du livre de Defoe, Robinson Il s’intitule d’ailleurs Le Robinson tunisien. Le personnage déclare à la fin du conte : «Au récit de mon aventure, le capitaine s’émerveilla et m’apprit qu’un écrivain anglais nommé Defoe avait raconté dans un de ses romans, Robinson Crusoé, une histoire pareille à la mienne».
Au début de l’histoire, le Robinson tunisien se présente et envahit l’espace immédiat de nos enfants par les sonorités de son prénom et son appartenance géographique : «Je m’appelle Salem et j’étais le seul Tunisien dans un équipage formé pour une large part de marins grecs et portugais». La proximité de l’Autre, l’étranger, «grecs et portugais», dessine encore mieux les contours de son identité.
L’histoire raconte que le bateau sur lequel Salem s’est engagé fit naufrage et qu’il échoua sur une île où il vit «une forêt épaisse qui partait à l’assaut d’une montagne escarpée». Le ton enjoué charme le lecteur qui lit les péripéties du Robinson tunisien pris entre la joie de vivre alors que ses compagnons ont péri et la tristesse de se retrouver loin des hommes : «Bey sans sujets, je présidais fièrement aux destinées de ce petit monde bêlant, gloussant, piaillant et aboyant, mais la compagnie de mes semblables me manquait terriblement».
Salem Robinson a pris le parti de prouver que le travail est ce qui fait la supériorité de l’homme sur les autres créatures : «C’est ainsi que je devins alternativement agriculteur, éleveur et potier». Pour se sentir moins seul, cet homme seul sur une île sauvage apprend quelques phrases à un perroquet qui, en répétant: «pauvre Salem !» et surtout «le couscous est prêt» et «ta chéchia est tombée», lui fait franchir des lieues pour le ramener parmi les siens grâce au langage articulé. Dans ce conte, la préférence à la ville de Nabeul comme lieu où Salem a appris la poterie permet au jeune lecteur de découvrir que le réel peut être contaminé par le rêve. Enfin, quand le personnage conclut : «Mon