Engagement et radicalite
L'engagement est un acte vers l'avenir , un pari dont le sujet est le garant . C'est un acte initiatique qui comporte une dimension symbolique d'initiation, de rite . Cette double dimension, initiatique et corporelle, s'affaiblit dans l'usage juridique du mot où le caractère contractuel s'organise autour d'un élément tiers : l'objet de l'échange . S'engager peut signifier "s'incorporer" comme dans l'expression "s'engager dans l'armée". Le corps est alors , non seulement offert en gage , mais encore dissous dans un autre corps. L'affirmation de la positivité d'un choix coïncide ici avec la décision d'être dans un autre, l'affirmation d'une appartenance et l'abandon de son autonomie. L'idée d'un processus se perd . L'incorporation devient l'engagement mené à une logique ultime d'aliénation . Il y a donc un paradoxe de l'engagement, expression d'une volonté libre ou désir de se perdre en s'incorporant.
L'engagement est au fondement même de la loi : on ne saurait juger un individu si on ne le suppose pas engagé , inclus dans une société et par là même soumis à ses lois . Ainsi, l'individu dans une collectivité est -il engagé sans avoir besoin de se prononcer solennellement parce qu'être dedans, c'est déjà être engagé. C'est pourquoi demander à des enfants d'immigrés nés en France de se prononcer à leur majorité , de s'engager solennellement pour la nationalité française, c'est juger qu'auparavant ils n'étaient nulle part, ils n'étaient rien , ils n'étaient pas engagés. C'est oublier que l'engagement relève de la nécessité autant que de la liberté. Là où l'on naît relève de la nécessité mais l'engagement, c'est être là où l'on est et dans ce que l'on veut être, c'est une augmentation de l'être. Même dans la conception contractualiste du droit, l'engagement conserve la dimension d'implication solennelle du sujet. Dans les tribunaux, les témoins jurent de dire la vérité, toute la vérité. Il existe un