Enjeux et réalités du pacifisme en france 1914-1940
Roger Martin du Gard, auteur de la suite de romans Les Thibault dans lesquels il dénonce avec véhémence la guerre, écrit dans sa lettre du 9 septembre 1936 à Marcel Lallemand : « Tout, plutôt que la guerre ! […] Tout : Hitler, plutôt que la guerre ! ». Cette citation permet d’illustrer les dérives d’un pacifisme exacerbé, qui peut sous prétexte d’un rejet viscéral de la guerre mener à ne pas dénoncer l’impérialisme allemand et italien voir à accepter l’occupation allemande. Nous entendrons par pacifisme un attachement à la paix, cependant cet attachement a une réalité protéiforme, il peut relever d’un simple sentiment ou revêtir une dimension plus doctrinale, de même la paix peut être entendue comme la paix militaire, c'est-à-dire l’absence de guerre, mais également comme la paix sociale, dès lors la position des communistes à partir de 1917 est ambigüe car ils prônent la fin de la guerre entre puissances capitalistes tout en appelant les ouvriers à retourner « leur arme contre leur officier » et en défendant une logique de lutte « classe contre classe ». Le pacifisme dans son acceptation large est un sentiment très prégnant dans la société Française de l’entre-deux-guerres, cependant cette société est amené toutefois à entrer en guerre en 1939, ce qui semble paradoxal puisque l’enjeu du pacifisme est justement le refus de la guerre, ce qui met en tension l’enjeu et les réalités du pacifisme. À cet enjeu noble de recherche d’une paix international s’ajoute des enjeux de circonstance, en effet dans une société pacifiste, défendre la paix est un enjeu électoral ainsi le premier mot du slogan du front populaire est significativement « paix ». La question se pose de savoir si vouloir la paix au prix de n’importe quelle concession ne peut pas mener paradoxalement à la guerre ? En effet, les nations auxquels sont faites ces concessions au nom de la paix peuvent s’enhardir devant le peu de résistance qu’on leur