Enonce et enonciation

4529 mots 19 pages
I-L’énonciation d’après Emile Benveniste :
1.1- Introduction : Dans le cadre d'une analyse critique de la théorie de l'énonciation l'auteur reconnaît à Benveniste le mérite d'avoir pris une position « ontologique » qui a réintroduit « le réel du langage » dans l'appareil théorique.
L'Œuvre de Benveniste parait avant tout une belle synthèse de la théorie du langage et de la recherche empirique des langues. Un coup d'œil sur sa référence majeure "Problèmes de linguistique générale" abrégée dorénavant PLG permet de révéler la profondeur et l'étendue de ses domaines de recherche. Sa contribution fondamentale consistait à précipiter la fin de l'immanentisme en prenant pour position ontologique radicale d'envisager le réel du langage et de l'insérer dans l'appareil théorique. Les arguments de cette communication peuvent se résumer ainsi : sur le plan de l'ontologie du langage l'apport de Benveniste est éclairant en rénovant le cadre structurel par le recours à deux "bêtes noires" de la linguistique d'inspiration saussurienne : le référent et le sujet. Autrement dit, la réalité qui est évacuée du noyau structural est revenue comme un fantôme dans la maison de Benveniste. Mais sur le plan de l'épistémologie c'est-à-dire sur le plan de la théorisation linguistique, la théorie de l'énonciation de Benveniste est insuffisante sinon incomplète pour recevoir le statut de théorie, malgré ses idées brillantes et la prolifération des éloges qu'elle a reçus.
1.2-Définition de la théorie de l’énonciation :
Dans ses travaux indo-européens (cf. Coquet 1987), le jeune Benveniste a conçu les rudiments de la théorie de l'énonciation dans l'analyse morphologique des noms d'agent et elle s'est développée pendant 20 ans. L'essentiel de ce paradigme se condense dans l'article qui, publié en 1970, s'intitule "L'appareil formel de l'énonciation". Il y réfute le principe formalisant du langage en mettant l'accent sur l'action du langage. Il s'agit d'une conception réaliste de la

en relation