enonciation
Passant tu m'avisas, et me tournant la vue,
Tu m'éblouis les yeux, tant j'avais l'âme émue
De me voir en sursaut de tes yeux rencontré.
Ton regard dans le cœur, dans le sang m'est entré
Comme un éclat de foudre alors qu'il fend la nue :
J'eus de froid et de chaud la fièvre continue,
D'un si poignant regard mortellement outré.
Et si ta belle main passant ne m'eût fait signe,
Main blanche, qui se vante être fille d'un Cygne,
Je fusse mort, Hélène, aux rayons de tes yeux;
Mais ton signe retint l'âme presque ravie,
Ton œil se contenta d'être victorieux,
Ta main se réjouit de me donner la vie.
Pierre de Ronsard - Sonnets pour Hélène - Sonnet IX
Dans le poème « sonnet pour Helene » de Ronsard c’est bien le poète qui parle en utilisant la première personne du singulier : "j'" "me". Il s'adresse à sa femme aimée : "tu". La femme est nommée au vers 11 : Hélène. . Le nom de celle-ci est placé avant la césure, ce qui la met en valeur.
On retrouve dans ce poème le champ lexical des yeux : vue (vers 2), regard (vers 5), yeux (vers 11), œil (vers 13). On note une progression vers le détail, donc une impression de se rapprocher très près d'Hélène
Nous pouvons repérer quelques figures de style tel qu’un chiasme : belle main/main blanche qui met en valeur la beauté de la main de la femme ou encore une hyperbole : éblouis (vers 3).