Environnement
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Premier trimestre 2003
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La bonne gouvernance à l’épreuve de l’histoire
La bonne gouvernance à l’épreuve de l’histoire [1]
Ha-Joon Chang, faculté d’économie et de sciences politiques, université de Cambridge
L
es pays développés et l’establishment international de la pensée sur le développement, qu’ils contrôlent, exercent une forte pression sur les pays du Sud afin que ces derniers adoptent de « bonnes politiques économiques » et de « bonnes institutions », censées favoriser leur développement.
[1] Cet article est un résumé de mon dernier ouvrage, Kicking Away the Ladder. Development Strategy in Historical Perspective (Anthem Press, Londres, 2002). Le lecteur pourra y trouver une bibliographie complète.
Comme chacun le sait, les « bonnes politiques » exigées reviennent à demander une politique macroéconomique rigoureuse, la libéralisation du commerce international et de l’investissement, la privatisation et la déréglementation. L’accent mis sur les « bonnes institutions » est plus récent. On y est arrivé lorsque l’establishment a reconnu que ce qu’il considérait comme de « bonnes politiques économiques » ne donnait pas de bons résultats économiques dans la plupart des pays en développement, du fait de l’absence d’institutions capables de les mettre en œuvre. Ainsi, par exemple, on affirme que si les droits de la propriété privée ne sont pas bien protégés, la déréglementation des prix ne peut pas déboucher sur plus d’investissements et plus de croissance, car les investisseurs potentiels ne sont pas assurés de récolter les bénéfices de leurs investissements. Ce nouveau raisonnement conduit de plus en plus les institutions financières internationales et de nombreux gouvernements donateurs à assortir leurs prêts et leurs dons de conditions liées à la gouvernance.
L’Economie politique n°
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L’Economie politique
Les institutions de base qui sont préconisées comprennent la démocratie, une « bonne »