Epistimologie

5062 mots 21 pages
Introduction : l’épistémologie sociale de Pierre Bourdieu
FABRICE CLÉMENT

A paraître dans F. Clément, F. Schultheis, M. Roca & M. Berclaz (eds), L’inconscient académique, Genève / Zürich : Seismo.

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Penser en porte-à-faux Les murs prestigieux du Collège de France rappelaient-ils trop à Pierre Bourdieu ceux de l’internat de Pau où, jeune interne, il découvrit les «nécessités de la lutte pour la vie: l’opportunisme, la servilité, la délation, la trahison, etc.»? (Bourdieu 2004: 117) C’est ce qu’on pourrait croire en relisant sa conférence inaugurale où, une fois de plus, il se sent contraint par une « force supérieure » de dévoiler l’arbitraire de l’institution qu’il est censé encensé (ibid. p. 138). Cette « envie de dissidence », cette tentation « de casser le jeu » chaque fois que des signes de soumission sont attendus de lui, Bourdieu les doit en partie à ce désenchantement des anciens pensionnaires qui, à dix ans, savent tout de la société (Bourdieu & Wacquant 1992). Il les doit également à ce sourire un peu ironique (qu’il reconnut chez son maître Canguilhem) que son pays natal ramenait sur son visage lorsque le monde académique « faisait son spectacle ». Ce même Béarn qui lui avait appris « par corps » la « vertu de rétivité », glorifiée par toute la tradition locale (Bourdieu 2004: 116). Pris entre deux mondes, habité par un « habitus clivé », Bourdieu était certes bien « placé » pour garder sur le monde académique un regard distancé et critique. Mais rien ne pouvait laisser présager l’ampleur et le caractère radical de l’oeuvre à venir du jeune philosophe qui, après un éprouvant et dessillant séjour en Algérie, se plongea dans la sociologie. L’art (1965, 1966, 1992), l’école (1964, 1970, 1984, 1989), ou encore le langage (1982) et l’état (1973, 1981, 2000) sont autant d’institutions à qui il fit perdre leur majuscule grâce à l’observation détaillée des mécanismes qui participent à leur naturalisation, à cette impression «d’aller de soi» dont il si

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