eragon livre tome 1
CHRISTOPHER PAOLINI
ERAGON
L’héritage
I
Traduit de l’anglais (États-Unis)
Par Marie-Hélène Delval
BAYARD JEUNESSE
-2-
-3-
PROLOGUE
L’ombre de la peur
Le vent hurlait dans la nuit, charriant une odeur qui allait changer le monde. Un Ombre de grande taille leva la tête et huma l’air.
Cet Ombre avait tout d’un humain. Ou presque : ses cheveux étaient cramoisis et ses yeux, pourpres.
Il battit des paupières, surpris. L’information était bonne. Ils approchaient. À moins que ce ne fût un piège…
Il hésita, puis ordonna d’une voix glaciale :
— Dispersez-vous ! Cachez-vous derrière les arbres et les bosquets. Arrêtez quiconque approchera ou périssez !
Autour de lui, douze Urgals s’avancèrent en traînant les pieds. Ils étaient armés de petites épées, et portaient des boucliers ronds en fer, couverts de signes noirs. Eux aussi ressemblaient à des humains, dotés de jambes courtaudes et arquées, et de bras puissants faits pour l’action ; mais une paire de cornes tordues poussait au-dessus de leurs petites oreilles.
Les monstres se précipitèrent vers les taillis pour s’y dissimuler en grognant. Bientôt, leur remue-ménage cessa, et le silence revint sur la forêt.
Tapi derrière un gros arbre, l’Ombre balaya les environs d’un regard attentif. Il scruta le chemin. Un humain n’aurait rien distingué dans cette obscurité ; mais, pour un Ombre, la pâle lueur de la lune était aussi lumineuse que des rayons de soleil passant à travers les ramures. Aucun détail ne lui échappait. À ses yeux, tout était clair et net.
Il demeurait calme – une attitude inhabituelle, chez lui. Il avait dégainé sa longue épée aux reflets blafards. Une éraflure presque imperceptible parcourait la rapière. L’arme était à la fois assez fine pour se faufiler entre deux côtes, et assez solide
-4-
pour transpercer l’armure la plus dure.
Les Urgals n’avaient pas une aussi bonne vue que l’Ombre.
Ils progressaient à tâtons, se servant de leur épée comme