Erasme
Auteur de nombreux écrits, notamment de dialogues, dont le fameux Éloge de la folie, Érasme a longuement voyagé en Europe, notamment en Angleterre et en Italie pour s’enrichir et développer sa conception humaniste de la chrétienté. Bien que ses idées et ses critiques à l’encontre du pape fussent proches de celles de Luther, il n’a jamais voulu adopter ni encourager la réforme protestante, ne souhaitant pas créer de schisme à l’intérieur de l’Église, fidèle par là à son idéal de paix et de concorde.
Alors qu’il prépare le doctorat de théologie de la Sorbonne de 1495 à 1499, il gagne sa vie en travaillant comme précepteur. Il compose pour ses étudiants latinistes des modèles de lettres et travaille à l’élaboration d’une rhétorique épistolaire, d’abord en accord avec celle des humanistes italiens, mais appelée à connaître un développement extraordinaire qui aboutit en définitive à l’élévation de la lettre au rang de prose d’art. Influencé par les débats contemporains entre tenants du formalisme médiéval et partisans du néoclassicisme, et en réaction à la publication de la correspondance d’Ange Politien (1498), Érasme entreprend d’illustrer sa propre conception du genre. Ses manuels d’épistolographie, maintes fois plagiés à partir de 1499-1500, s’inscrivent dans la mouvance évolutive d’une synthèse des traditions classique et médiévale que le De conscribendis epistolis (1522) allait réaliser plus tard. L’attention accordée à l’épistolaire dans son Cicéronien (1528), dialogue satirique sur l’imitation vétilleuse de Cicéron, témoigne également de l’importance que revêt le genre à la Renaissance.
Épistolier infatigable, Érasme écrit des lettres à tout ce que l’Europe compte