Espistemologie
Angèle Kremer Marietti
Le rapport du positivisme aux sciences positives est fondamentalement affirmé par Littré et confirmé par Auguste Comte. Littré écrit dans son Dictionnaire de la langue française (1863-1870) : « Philosophie positive : se dit d’un système philosophique émané de l’ensemble des sciences positives ; Auguste Comte en est le fondateur ; ce philosophe emploie particulièrement cette expression par opposition à philosophie théologique et à philosophie métaphysique. » Pour Comte, la méthode commune aux sciences positives détermine la doctrine positiviste, compte tenu de cette science nouvelle venue qu’est la sociologie. Celle-ci renverse les perspectives de la classification des sciences jusque-là tenues sous l’empire des mathématiques. Parties de la mesure concrète, les mathématiques demeurent la science-modèle du passage du concret à l’abstrait, ce passage étant nécessaire à toute science dans ses données spécifiques. Ce qu’apporte la sociologie, c’est le point de vue social, qui désormais, pour Comte, est incontournable, tout le réel appréhendé par l’esprit humain étant nécessairement social. Notre entendement, en effet, dépend simultanément de l’histoire naturelle et de l’histoire sociale. Ainsi, la philosophie positive obéit à l’ascendant social et, en dernier ressort, il n’y a plus qu’une seule science, humaine ou sociale, « dont notre existence constitue à la fois le principe et le but, et dans laquelle vient naturellement se fondre l’étude rationnelle du monde extérieur, au double titre d’élément nécessaire et de préambule fondamental, également indispensable quant à la méthode et quant à la doctrine » (Discours sur l’esprit positif ).
Le concept et la doctrine
D’une manière générale et en tant que concept, le positivisme caractérise une attitude épistémologique liée à la pratique des diverses méthodes scientifiques à la fois rationnelles et expérimentales. Le positivisme épistémologique exige, en premier lieu, que la