Espoirs et angoisses de paysans algériens
Salah BOUCHEMAL
Résumé : L’étude monographique des campagnes montre que l’épisode de la désocialisation est celui durant lequel la paysannerie a été le plus désabusée. Elle est souvent livrée à elle-même, et on s’interroge sur son avenir. Les services publics ne jouent majoritairement pas le jeu. Mais face à cette indifférence, l’esprit de novation continue à animer un grand nombre de producteurs. Beaucoup d’entre eux se fixent des objectifs en défiant, tant bien que mal, la situation qui prévaut.
Mots-clés : Agriculture - Paysannerie - Exploitations agricoles - Crise - Hautes-Plaines de l’Est - Algérie.
Beaucoup de choses ont été dites sur l’agriculture algérienne, mais très peu sur le malaise d’une paysannerie fort malmenée, et qui comprend mal qu’elle est, désormais, soumise à la loi du marché. Cette incompréhension vient du fait qu’on est passé très vite d’un extrême à l’autre, d’une étape caractérisée par un centralisme dans l’agriculture à une autre où le désengagement de l’Etat se veut, par moment, total et complet.
La crise des campagnes a été, le plus souvent, perçue à travers des chiffres et des bilans. Or, face à la sécheresse des données, rien ne vaut une appréhension qui trouverait son essence dans le quotidien vécu. Dans les lignes qui suivent, nous voudrons montrer des hommes et des réactions humaines, un aspect vivant de ces terroirs qui, même s’ils sont largement en crise, sont quelquefois propices à un dynamisme remarquable. Les exemples que nous présentons concernent des producteurs aux statuts divers, et qui ont bien voulu nous faire part de leurs espoirs et angoisses. Ils ont été choisis en 1992, lors d’une étude sur les Hautes-Plaines de l’Est, dans la région d’Aïn-Beïda et Oued Zénati, puis complétés en Mars 1996.
Des producteurs mécontents dans la plaine de Tamlouka Nos enquêtes de terrain à travers l'ensemble des Hautes-Plaines orientales nous ont