essai de sociologie visuelle
ESSAI
« Le cinéma n’est ni un art ni une technique, mais un mystère »
Jean-Luc Godard
Sociologue cinéaste ou cinéaste sociologue ? L’association du cinéma et de la sociologie nous laisse fort bien rêveur. Or, peut-on soutenir à un cinéma sociologique ? Ou au contraire, seraitce un fantasme ? Pour faire écho à la citation de Godard, elle parait en tout cas un mystère. La question du support filmique dans une discipline telle que la sociologie nous amène à nous poser la question de la relation entre art et science. Comment peut-on allier un domaine où prédominent la scientificité et l’objectivité avec celui de l’art où imagination et subjectivité sont de rigueur ? En usant de l’image filmique comme moyen de transmission de la connaissance, on se demande si le sociologue prend le risque de céder aux « tentations » artistiques et ainsi perdre de son caractère scientifique. Ce dilemme bien particulier nous amène à nous poser la question du savant et de l’artiste. Et plus particulièrement, de savoir si un film de cinéma ou un documentaire, en tant que support artistique, peut-il défendre une thèse sociologique ?
Contrairement à une anthropologie visuelle qui s’est vite constituée de longue date et qui a déjà contribué à institutionnaliser des formations hybrides1, la sociologie visuelle, quant à elle, fait ses premier pas au sein du monde universitaire de manière très timide2. La relation que le sociologue entretient avec l’image est une relation forte discrète. Pensons notamment à Pierre
Bourdieu et à ces photos ethnographiques réalisées lors de son terrain en Algérie. Cette frilosité vis-à-vis de l’image réside dans cette crainte de scientificité propre à l’histoire de la sociologie et de sa construction en tant que science. Or il faut admettre que faire de la sociologie et faire usage de l’image n’est pas si différent qu’il n’y parait. Par exemple, la sociologie, tout comme la photographie, cherche à explorer la société3.