Essai du bac
L'espace-temps est incertain, mais beaucoup plus définissable est la mémoire dans quoi les narrateurs et les personnages du post-exotisme puisent leur inspiration.
Ils racontent cela, les guerres, les souffrances, les exterminations, les totalitarismes, les ratages, depuis un espace-temps où je les mets en scène, depuis leur prison, depuis leur mort, depuis des mondes imaginaires et parallèles. Chacun de ces mondes possède sa propre logique (des règles socio-politiques que les héros souvent transgressent, devenant ainsi, dans l'univers imaginaire de référence, des marginaux) ; il possède sa propre histoire (sa propre culture de violence comparable à celle du XXè siècle) ; il est circulaire (on y revit sans cesse sa mort), carcéral (la fiction y est, la plupart du temps, élaborée entre quatre murs) et, par-dessus tout, littéraire : on y existe à travers le texte qui est soit écrit, soit dit, soit monologué mentalement. Pardonnez-moi de m'étendre si pesamment sur cette définition. Je le fais pour arriver à cette présence de la littérature, de la poésie, qui illumine les personnages du post-exotisme. Sous la torture, ou à l'intérieur de sa folie, chacun de ces hommes ou de ces femmes conserve sa qualité première, fondamentale, d'écrivain-acteur et d'écrivain-témoin du désastre passé, présent et à venir.
Selon l'argument que nous soutiendrons dans notre propos, la mémoire collective1, correspond à des phénomènes très différents et même disparates, selon la manière que l'on adopte pour l'analyser dans les différentes disciplines des humanités, des sciences sociales ou des sciences cognitives.
Il s'agit, bien de la transmission d'une expérience partagée et retenue collectivement par un groupe, que ce soit un groupe restreint ou très étendu.
Mais, dans la mesure où chacun de nous