LA CROYANCE EXCLUT-ELLE TOUTE FORME DE RAISON ?
Dans son ouvrage intitulé –Ce que je crois- (1955), Robert Aron affirme « Je ne sais pas si je crois en Dieu. Mais, tout au moins suis-je sûr, grâce à l’histoire qui me recueille, de croire en ceux qui de tout temps et partout ont cru en lui ». Comme chaque homme, l’écrivain français s’est posé la question de l’existence de Dieu, à laquelle il n’a pu trouver de réponse. Il ne s’avance donc pas en affirmant qu’il croit, mais envisage cette possibilité. La croyance est le fait de croire à l’existence de quelque chose, de quelqu’un, ou encore à la vérité d’une thèse. Or ceci sous-entend clairement que la vérité n’a pu être démontrée. La raison, faculté propre à l’homme, se définit comme la capacité à discerner le vrai du faux, à raisonner, calculer, distinguer et juger. Ainsi il semble paradoxal que l’homme, disposant pleinement de sa rationalité, puisse croire en quelque chose dont sa raison n’a pu lui en attester la véracité. Dès lors, croyance et raison forment-ils nécessairement un oxymore ?
Ainsi, se demander si croyance et pensée rationnelle sont compatibles c’est analyser les modalités de leurs existences mutuelles, leur éventuelle coexistence, afin de rendre compte du paradoxe qui émane d’elles et qui les oppose nécessairement. Si croyance et rationalité semblent s’exclure radicalement au premier abord, les deux notions se confondent lorsque la raison pure, à outrance tend à devenir croyance. Cependant, la pérennité de cette dernière dans chacune des sociétés pousse à s’interroger sur sa raison d’être, qui justifierait alors que la croyance ne soit pas totalement irrationnelle d’où l’ambiguïté du sujet traité. I. PENSEE RATIONNELLE ET CROYANCE S EXCLUENT RADICALEMENT * La raison cherche la vérité, cherche à démontrer. Or la croyance adhère à des phénomènes incertains. La raison pousse le croyant à douter, à s’écarter de la foi. Martin Luther « La raison est la plus grande putain du diable ». * La