Essai sur la poésie surréaliste
Quelle que soit son ambition de modernité et la violence qu’elle peut manifester envers la littérature, la poésie surréaliste recourt encore à des formes traditionnelles (sonnet, blason, alexandrin, exaltation lyrique…) pour les subvertir ou les exalter.
Les manifestes du surréalisme sont les deux principaux textes théoriques d'André Breton. Écrit en 1924, le premier marque l'acte de naissance du mouvement, en définissant les grands principes de l'écriture poétique revendiquée par Breton. Il s'agit de libérer totalement l'imaginaire des lois de la raison et de la morale, par le recours aux associations libres, à l'automatisme psychique, aux rêves, au hasard, au merveilleux. L'écriture automatique doit permettre de donner la parole aux forces de l'inconscient. De même, Breton emprunte à Reverdy une nouvelle définition de l'image: le poète «va, porté par ses images qui le ravissent, qui lui laissent à peine le temps de souffler sur le feu de ses doigts». Définition de l'image surréaliste
L'image surréaliste, pour Breton, doit essentiellement « résister » à sa traduction en langage ordinaire, en gardant sa puissance d'énigme et d'étrangeté. On comprend ainsi l'expression « le degré d'arbitraire le plus élevé ».
En effet, la fonction de la comparaison (ou de la métaphore) a longtemps consisté dans l'histoire de la poésie à préciser le sens d'un mot ou d'une idée en le rapprochant d'un mot ou d'une idée commune. À cette fonction pédagogique de l'image, Baudelaire déjà oppose le supplément de sens, la richesse qu'apporte le comparant. Breton va encore plus loin en invitant à toujours plus de liberté. La qualité commune qui rapproche comparant et comparé doit demeurer totalement invisible, sous-entendue, secrète, à jamais indéchiffrable. De là naît la force énigmatique de l'image surréaliste.
EX : « La couleur des bas d'une femme n'est pas forcément à l'image de ses yeux, ce qui a fait dire à un philosophe