Est-ce un devoir de se connaitre ?
En effet, pour qu’il y ait devoir, il faut à la fois qu’on sache ce qu’on a à faire et qu’on ne le fasse pas spontanément. Or, on ne peut avoir à se connaître que si on s’ignore soi-même. Dès lors, il paraît impossible que se connaître soit une obligation. La connaissance de soi pourrait être au mieux la tâche de celui qui cherche de façon générale la connaissance, à savoir le philosophe.
Cependant, il n’y a de devoir que pour qui sait ce qu’il doit faire. Il doit donc se connaître comme capable de le faire, voire être capable de connaître ses limites pour ne pas outrepasser ses capacités. Se connaître paraît alors non seulement un devoir, mais peut-être le premier et le plus fondamental des devoirs.
Dès lors, on peut se demander comment il est possible que se connaître soit un devoir. Est-ce que c’est là le caractère essentiel de la conscience ? Est-ce l’exigence valable pour tout homme ? Est-ce la condition nécessaire pour être sujet et non une obligation ?
Pour agir moralement, il faut savoir ce qui est bien et mal : c’est la conscience au sens de cette voix qui nous dit ce que nous avons à faire. Et comme notre conscience nous est directement accessible, il est immédiatement absurde d’avoir à se connaître en ce sens que nous savons dans l’action morale ce que nous sommes. Nous sommes ce que nous décidons d’être. Comme Alain le remarque dans ses Définitions à l’article « Conscience » en reprenant une thèse de Rousseau de la « Profession de foi du vicaire savoyard » de l’Émile, la conscience ne trompe jamais. Et pourtant, parce que nous vivons dans une société qui a ses propres