etat et nation
Les deux concepts d’Etat et de nation évoluent avec le temps. Et l’arrivée de l’étranger est un fait qui n’a jamais laissé indifférent les gouvernants et les populations. C’est une histoire plusieurs fois millénaire.
L’Etat antique et la question du particularisme identitaire
La Grèce antique est constituée de cités/Etat vivant en autarcie. Quant à la crainte de l’étranger, elle suscite la tentation de l’établissement d’un numerus clausus. Le groupe contrôle étroitement sa propre composition. A Athènes, l’ostracisme écarte les citoyens jugés dangereux pour la démocratie. Cependant, à travers l’institution de la proxenia, les cités grecques prévoient l’existence pour un individu d’un droit de passage, d’un droit de s’installer et de travailler dans une autre cité que la sienne.
Mais la propriété foncière et la participation à la politique lui sont alors interdites. Plus tard, à l’époque de l’empire d’Alexandre, la politique de fusion entre civilisations hellénique et orientale n’a pas survécu à son initiateur et a laissé la place à la fragmentation en monarchies hellénistiques.
De son côté, Rome offre un exemple contraire aux cités grecques. Rome en effet s’affirme dès le départ comme un lieu d’asile pour les étrangers. Le numerus clausus y est inconnu. L’idée d’intégration est vivante à Rome et sert à consolider les conquêtes de la cité. La citoyenneté romaine renvoie à une citoyenneté juridique contrairement à la citoyenneté grecque qui suppose une communauté de vie.
L’Edit de Caracalla qui, en 212, accorde la citoyenneté à tous les habitants de l’Empire romain, n’interdit pas le maintien de coutumes et d’institutions locales, même si cette extension du droit de cité permet à tous d’utiliser le jus civil. Face aux Barbares, Rome a eu le même souci d’intégration et les a répartis en trois statuts :
– les «déditices» sont les vaincus établis comme colons sur des terres en friche en Gaule, en Italie ou en Orient ;
– les